Notre histoire avec la Vendée pour Émilie et moi remonte à loin. Depuis longtemps, Émilie y vient en vacances, sur la côte, avec sa famille. Aujourd’hui, ses parents séjournent régulièrement aux Sables-d’Olonne, et ses grands-parents s’y sont même installés. Pour ma part, je me souviens de mon premier séjour, alors qu’à 18 ans, mon bac en poche, je choisis d’être animateur dans une colo à Notre-Dame-de-Monts. Un premier job d’été qui me conduit dans ce département jusqu’à Fromentine, ou encore l’Île de Noirmoutier.
Ensuite c’est grâce au théâtre que je découvre La Roche-sur-Yon. D’abord comme acteur avec un spectacle, Master, que nous avons joué dans les établissements scolaires, puis avec notre compagnie, où nous avons pu présenter Histoire(s) de France et Nos jardins.
Mais jusqu’alors, nous n’avions pu encore nous plonger plus précisément dans la rencontre avec un quartier, avec ses habitants, de façon aussi sensible et dans un rapport direct, immédiat. Avec le projet Liberté, imaginé avec Florence Faivre et Camille Gibrat, directrice et secrétaire générale du Grand R, c’est le cas. Le premier rendez-vous avec les équipes de la maison de quartier augurait déjà une belle aventure. L’écoute, l’adhésion à la proposition que nous leur faisions, nous l’ont confirmé.
La cuisine, notre rapport à ce que nous mangeons, à la place que cela occupe dans notre vie, dans nos familles, les traditions qui circulent, la localité mêlée aux influences culinaires de régions, de pays éloignés, le brassage des savoir-faire, des habitudes, toutes ces histoires sont un potentiel de rencontres riches.
Et à travers les différentes propositions, les différents portraits, vous pourrez voir comme on voyage, comme les recettes, qui sont un morceau de ce quartier Liberté, sont savoureuses.
Au cours de ces entretiens, ce qui revient le plus, c’est la générosité. Il est toujours remarquable d’être face à des personnes qu’on ne connaissait pas et qui s’ouvrent, vous racontent des choses intimes, cuisinent pour vous, vous invitent à manger chez eux. Nous avons été frappés par la qualité de ces moments que nous avons vécus avec chacun. Par la qualité des souvenirs qui remontaient, donnant à chaque recette une origine et une mémoire.
Car il est toujours question de cela, de la mémoire des choses et des êtres, et de comment elle se transmet.
À l’heure où se prépare un banquet, car quoi de plus théâtral qu’un banquet, où les retrouvailles avec le groupe se précisent, où des acteurs de la compagnie nous rejoignent, où se prépare le menu, nous sommes déjà impatients de voir où ce collectif nous embarquera. Impatients de voir si ce livre de recettes, autant que ce banquet déclencheront une mémoire commune dans laquelle, de temps en temps, on viendra fouiller.
Pour nous, c’est déjà le cas. Nous avons photographié avec un certain plaisir, les corps, les voix, les espaces, les histoires de tous ceux que nous avons rencontrés.
